Johnny Hallyday « Il faut vivre avec le moment présent » – Interview

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johnny-hallyday-2012Le journal Le Républicain Lorrain a décroché une longue interview de Johnny Hallyday ce mardi 24 avril 2012.

Politique, tournée, vie privée … Johnny Hallyday aborde tous les thèmes en toute décontraction.

Interview intégrale :

Celui qui faisait la première partie de Raymond Devos, à l’Alhambra, à Paris, le 20 septembre 1960, pouvait-il imaginer une seule seconde faire une telle carrière ?

« Non, pas du tout ! Je pensais déjà avoir beaucoup de chance. Je disais toujours ça marche cette année, profitons-en. Ça ne fonctionnera peut-être plus l’année prochaine. Je ne me faisais pas de plan de carrière quand j’ai commencé. Je vivais vraiment avec la passion et l’insouciance des seize ans que je devais avoir à l’époque. »

Dès les années 60, on scrutait vos moindres faits et gestes. Est-il possible de vous préserver, vous et vos proches, ou est-ce la rançon de la gloire ?

Il m’est arrivé, parfois, en tournée, d’aller à la rencontre de fans, chez eux. Je me suis aperçu que je faisais partie de la famille et de la vie des gens. Il y a une photo de vous sur la cheminée avec celles des parents. Quand on a vécu ça, on ne voit plus les choses de la même manière. Quand j’étais môme, j’avais des posters d’Elvis dans ma chambre, à côté de mon lit. Etre traqué par les paparazzis n’est pas quelque chose de terrible. J’ai grandi avec ça donc ça ne me dérange plus. Ce que je ne supporte pas, ce sont toutes les saloperies qui peuvent être écrites. Moins pour soi-même d’ailleurs que pour ceux qui vous entourent et que vous aimez. »

Vous dites que « la musique est votre meilleure psychothérapie » : est-ce que, du coup, Jean-Philippe Smet en sait un peu plus sur lui ?

« Pas vraiment, non. Je fais les choses que j’ai envie de faire au moment présent. En ce moment, je pense à ma tournée, à ce que je vais faire sur scène. Je ne suis pas quelqu’un qui prévoit les choses longtemps à l’avance. »

Vous interdisez-vous d’être nostalgique ?

« Non, je crois que chaque chose est formidable par rapport au moment où on la fait. On vieillit tous, personne ne reste avec ses dix-huit ans. Il faut vivre avec le moment présent, avec l’âge qu’on a et par rapport aux désirs qu’on a. Je crois qu’un homme ne vieillit pas vraiment, il grandit. Sa vie continue. Et puis voilà. »

Amanda Sthers prépare votre autobiographie. Est-ce que ce livre est une manière, pour vous, de dresser un bilan ?

« J’ai lu tellement de livres, sur moi, sur ma vie et surtout tellement de choses inexactes, comme si les gens pensaient à ma place… Je me suis dit qu’à un moment donné, il fallait bien que je raconte les choses comme je les avais vécues et comme je les avais ressenties. Amanda est quelqu’un qui est à l’écoute et qui, avec son écriture, traduit exactement ma pensée. »

« On ne peut pas faire ce métier », avez-vous confié le 7 janvier 1998, dans Le Monde, sous la plume de Daniel Rondeau, « si on est normal ». Le pensez-vous toujours ?

« C’est un métier qui demande beaucoup de courage car on peut vite être déstabilisé. Moi, j’y arrive parce que j’ai une forme assez solide, mais c’est difficile de concilier vie de famille et vie professionnelle quand on part tout le temps à droite et à gauche. Il faut avoir une attache, quelqu’un dans sa vie. Laeticia est un petit peu mon centre d’apaisement. »

Vous disiez également avoir « l’impression d’être, comme Mick Jagger, un survivant… » Avez-vous besoin, encore aujourd’hui, de vous mettre en danger pour surprendre ?

« Je ne suis pas en pleine renaissance. Je continue à faire le métier que j’ai toujours fait et que j’aime. On parle toujours de moi comme si j’étais mort et comme si je revenais. Moi, mon seul souci, c’est de faire un bon spectacle pour que les gens soient heureux. C’est ça mon souci. Si c’est juste pour écouter de la musique, ils peuvent acheter un disque ou m’écouter sur YouTube. »

Vous reconnaissez, avant chaque spectacle, avoir de plus en plus le trac. De quoi doute-t-on avant une tournée quand on a votre expérience ?

« Ce n’est pas une question d’expérience. On a toujours le trac. Moi, en tout cas, je l’ai toujours quand je commence quelque chose, que ce soit une nouvelle tournée, une pièce de théâtre ou un film. J’ai été très ami avec Jacques Brel. Avant de monter sur scène, il était à chaque fois malade. Je crois que le trac est quelque chose dont on ne se sépare pas. Je pense qu’il arrive surtout parce qu’on a envie que les gens soient contents. On a toujours peur de les décevoir. »

Votre prochain album sera-t-il le live de cette tournée ?

« Non, je vais faire un album pendant mes jours off avec des chansons inédites, dans le style de celles que j’avais pu faire avec Michel Berger ou Jean-Jacques Goldman. Il sera un peu plus classique, moins blues, un peu plus ouvert à tous les publics tout en restant rock’n’roll. »

Allez-vous retravailler avec Jean-Jacques Goldman ?

« J’aimerais bien, car personne ne m’a écrit une chanson aussi juste que L’envie. Elle résume ma façon de fonctionner dans ce métier. Malheureusement, Jean-Jacques ne fait plus que les Enfoirés. C’est dommage. Je crois que sa vie de famille est devenue plus importante pour lui, actuellement, que sa vie d’artiste. »

Vous êtes aux États-Unis, mais votre nom revient régulièrement dans la campagne présidentielle française. On a, par exemple, dit qu’au moins de janvier, vous auriez dîné avec François Hollande…

« J’étais effectivement à un dîner d’amis où François Hollande était invité. J’ai trouvé que c’était un homme charmant. J’ai passé une très bonne soirée mais ce n’était pas du tout politique. »

Avez-vous l’intention, comme en 2007 avec Nicolas Sarkozy, d’afficher vos couleurs ?

« Je n’ai pas l’intention de donner mon avis sur quoi que ce soit. Je crois qu’un artiste n’a pas à se prononcer. Je l’ai d’ailleurs fait, à tort, je l’avoue. Mais je ne me mêlerai plus jamais ouvertement de politique. »

Le temps a-t-il cicatrisé les plaies entre vous et Jean-Claude Camus, votre ancien producteur ?

« Il fait partie de mon passé. Je n’ai rien contre lui. On a construit de beaux spectacles. Simplement dans la vie, il y a un moment où on a envie de changer un petit peu sa façon de travailler. Donc maintenant, on fait notre route séparément. Mais on a réalisé de très belles choses ensemble. Je ne le regrette absolument pas. Je ne le renie pas non plus. »

Source : Le républicain Lorrain

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