Johnny Hallyday, interview pour Le Progrès
Le progrès a publié une interview de Johnny Hallyday au sortir de son concert du samedi 20 octobre 2012 à Lille. En pleine forme, le taulier se livre dans cette interview restituée dans son intégralité.
Vous avez l’air content. C’était un bon soir ?
Je suis content du public, ils sont très chauds dans le Nord, ça répond très vite. C’est très agréable pour nous.
Il y a des fois où ça se passe moins bien ?
Oui, ça arrive que l’on ne soit pas content de ce que l’on a fait. On se dit : ce soir, on a un peu merdé ici ou là. Et donc, le lendemain, comme on fait des essais de son vers cinq heures, on rectifie tout ça. Mais enfin là, on est en tournée depuis le mois de mai, on est rodés. Ça n’arrive plus.
Vous avez joué à Londres, à New York, vous partez pour Moscou. Vous jouez différemment dans ces cas-là ?
Non, pas du tout. C’est le même spectacle, le même job. Ce qui peut changer, c’est la salle. L’ambiance peut être différente. On travaille en fonction d’un public, et si c’est la première fois que ce public nous voit, les réactions ne sont pas tout à fait les mêmes. C’est assez difficile à expliquer. Quand on est sur scène, on sent le public, vous voyez ?
Le concert en salle est plus rock, non ?
Oui, j’ai voulu revenir à la base, à l’essentiel de la musique avec laquelle j’ai commencé. Il y a du rock, du blues, et moins d’accompagnement variété, si vous voulez. C’est un retour aux sources.
C’est pour ça que vous faites cet intermède rockabilly ?
Oui, ça explique d’où je viens. Je joue « I’m gonna sit right down » d’Elvis Presley, que j’avais entendu quand j’avais douze ans, c’était avant le rock’n’roll. C’est quasiment une chanson country. La country aux USA, c’est un peu comme l’accordéon chez nous…
Les Stones et les Who repartent en tournée, vous-même n’arrêtez pas. La scène, c’est une drogue ?
Quand on a connu ça, c’est très difficile d’arrêter. On est un peu en manque. Pas en manque de succès ou d’applaudissement, ce n’est pas ça. Mais être sur scène, jouer de la musique, partager ça avec des gens, c’est tellement formidable. Je ne vois pas pourquoi on arrêterait, si on peut le faire.
C’est comme faire des nouvelles chansons…
Complètement. Si on veut que la musique existe, il ne faut pas se laisser aller à répéter ce que l’on a déjà fait. Il faut avancer, il faut nourrir la bête ! Si on reste scotché à ce que l’on a enregistré en 1960, c’est carrément triste. Je veux faire du rock’n’roll d’aujourd’hui avec le son d’aujourd’hui.
C’est ce que vous avez fait avec l’album qui arrive ?
C’est ce que j’ai essayé de faire, absolument. J’ai voulu retravailler avec Yvan Cassar, qui est un musicien très brillant. Nous avons choisi les chansons ensemble. On a notamment fait appel à Miossec et Daran, et ils ont travaillé sur-mesure. Je leur ai demandé de travailler sur certains thèmes que je voulais évoquer. Aujourd’hui, les textes sont devenus bien plus importants que dans les années soixante. On ne pourrait plus chanter des textes comme on le faisait à l’époque, on serait carrément ridicules…
Vous avez changé certaines paroles, notamment « L’Idole des jeunes »…
Je suis content de la reprendre parce que ça fait plaisir aux gens, ça rappelle des souvenirs. Mais j’ai un peu de mal à chanter ça, franchement. Je trouve ça un peu désuet. Je ne pourrais plus les créer aujourd’hui.
C’est comme « Itsy bitsy petit bikini » !
Alors là, c’est impossible ! Même pas en rêve…
Et sur scène, c’est plus facile aujourd’hui que dans les années soixante ?
Oh oui, carrément. À l’époque rien n’était organisé. On était toujours en retard, tout était improvisé. Désormais, grâce à des gens comme Gilbert Coullier, qui produit cette tournée, tout est calé au millimètre. Nous, on a plus qu’à s’occuper de la musique…
Vous jouez pas mal de guitare sur scène…
Il y a quelques années, je faisais tout le concert à la guitare. Mais les gens trouvaient que je bougeais moins, alors je joue juste sur certains morceaux. Mais j’adore ça. Je viens de m’acheter une Gibson acoustique de 1922, une merveille…
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j ai une guitare pour toi qui pourrait faire plaisir